A l’aube d’un éventuel reconfinement, les coiffeurs sont en péril. L’UNEC tire la sonnette d’alarme, chiffres à l’appui


Publié le 28 octobre 2020

A l’aube d’un éventuel reconfinement l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC), première organisation professionnelle du secteur, dresse le bilan chiffré de la situation économique très inquiétante du second pôle de l’artisanat français via une enquête exclusive réalisée auprès de 1454 chefs d’entreprise de coiffure*.

UNE ACTIVITÉ EN BERNE

L’enquête révèle que plus de 6 entreprises sur 10 ont enregistré sur la période une baisse de chiffre d’affaires. Malgré trois semaines de forte fréquentation constatées à l’occasion de la reprise de l’activité le 11 mai dernier, plus de 6 répondants sur 10 ont enregistré une baisse significative de CA sur la période étudiée. Les principales causes citées par les chefs d’entreprise pour expliquer cette baisse d’activité sont dans l’ordre :

  • L’habitude prise par les clients(e)s d’entretenir seul(e)s leurs cheveux pendant le confinement, pratique conservée lors du déconfinement, certain(e)s n’étant d’ailleurs pas revenu(e)s.
  • Une baisse du CA dû à un espacement des visites ou à des clients ayant changé leurs habitudes du fait par exemple de la généralisation du télétravail moins propice à l’entretien régulier de sa coupe ou de sa couleur.
  • L’incertitude de l’environnement économique et le climat anxiogène qui d’une façon générale freine la consommation.
  • L’annulation de nombreuses cérémonies et fêtes familiales très prisées habituellement dans la période ciblée par l’enquête ou encore la généralisation du télétravail.

« La reprise n’est pas là et la profession souffre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les clients ne sont pas au rendez-vous. Nous craignons aujourd’hui, si rien n’est rapidement mis en place pour venir en aide aux professionnels, la disparition de nombre de sociétés avec à la clé la destruction de beaucoup d’emplois » s’alarme Christophe Doré, président de l’UNEC.

LES AIDES FINANCIÈRES PLEBISCITEES … MAIS INSUFFISANTES

L’enquête met en lumière que les chefs d’entreprise de coiffure interrogés ont sollicité à hauteur de 45% un Prêt garanti par l’Etat (PGE). Ce taux est supérieur au taux de sollicitation global. Les répondants, tous adhérents à l’UNEC, étant particulièrement bien informés sur les démarches à entreprendre, ont été plus enclins à faire appel à ce dispositif que l’ensemble de la population générale des coiffeurs.
On constate par ailleurs un taux de recours qui augmente avec l’effectif salarié, il atteint ou dépasse 70 % pour les salons de plus de 10 salariés.

Une situation critique

  • 29 % des salons ont d’ores et déjà utilisé le PGE pour soulager leur trésorerie et 45 % d’entre eux envisagent de le rembourser avec un délai supérieur à 1 an.
  • 45 % des entreprises de coiffure ont reporté des échéances bancaires, ce taux de report augmente avec la taille des salons, le nombre est de 67% pour les effectifs supérieurs à 10 salariés.
  • Malgré le recours aux aides de l’état, 1 entreprise sur 4 juge sa situation de trésorerie dégradée, 1 entreprise sur 3 sa situation financière globale préoccupante et 28% des entreprises sont pessimistes quant à la pérennité de leur activité, cette perception se dégrade très fortement (55%) pour les entreprises de plus de 15 salariés.

Recours aux autres aides financières

93% des répondants ont obtenu l’aide du fonds de solidarité de 1er niveau, 10 % l’aide du fonds de solidarité de niveau 2 (géré en région).

A la date de l’enquête, seules 2,5 % des entreprises ont obtenu l’aide ‘Prévention COVID’ mise en place par l’Assurance maladie permettant un remboursement lié aux investissements dans du matériel de protection (EPI), et 10 % des répondants indiquent que leur dossier est en cours d’instruction. Il conviendra de suivre si la prolongation du dispositif effective depuis le 19 octobre permettra à davantage d’entreprises du secteur de profiter de cette aide financière.

COUP D’ARRET POUR L’EMPLOI MAIS PARTICIPATION ACTIVE DU SECTEUR A LA FORMATION DES JEUNES

Selon la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), le recours au dispositif de chômage partiel a évidemment été très important du 16 mars au 10 mai, période durant laquelle une fermeture administrative a été imposée au secteur.

Au mois d’avril au cours duquel la fermeture des salons a été totale, 35 250 entreprises ont fait des demandes d’indemnisation. Cela représentait 88 615 salariés, pour un montant moyen de 135 heures/salarié indemnisés. Mais en juin, alors même que l’activité reprenait on comptait encore 6 785 salariés au chômage partiel, soit 7,6 % des salariés indemnisés en avril pour un montant moyen de 44 heures/salariés.

Ce « reliquat » de chômage partiel persistant en juin représentant encore 299 390 heures indemnisées soit 2,5 % du nombre d’heures indemnisées en avril.

L’enquête réalisée par l’UNEC montre que 78% des entreprises interrogées n’ont pas ou ne souhaitent pas recruter. Parmi les 22% d’entreprises qui ont recruté ou qui souhaitent recruter, cela concerne pour 63% d’entre elles un contrat en alternance et pour 54% d’entre elles un salarié en CDD ou CDI. Ce relatif engouement pour le recrutement de jeunes en formation est également confirmé par notre enquête auprès des établissements d’enseignements (voir encadré ci-après).

Pour autant et en toute logique, l’enquête confirme que la crise sanitaire a perturbé l’accueil des stagiaires écoles en entreprise (hors alternants) : c’est en effet 1 stage sur 2 qui a été annulé sur la période post-confinement.

UN PROTOCOLE SANITAIRE RESPECTE MAIS JUGE TROP LOURD

Les partenaires sociaux de la branche ont travaillé à la définition d’un protocole sanitaire, qui a été validé par le ministère du Travail et celui de la Santé dès le 11 mai 2020. Ce document reste un document de référence en complément du Protocole général désormais applicable aux entreprises.

Plus de 97% des entreprises trouvent le protocole adapté même si 43% jugent qu’il pourrait toutefois être un peu allégé. La demande d’allègement porte de manière quasi exclusive sur la désinfection des bacs de lavage et des fauteuils entre le passage des clients, procédure qu’ils trouvent disproportionnée par rapport à ce qui se pratique ou plutôt ne se pratique pas dans d’autres lieux au moins autant potentiellement exposés que la coiffure.

De manière très unanime, les chefs d’entreprise indiquent à 91% que ce protocole rassure les coiffeurs et de manière encore plus marquée à près de 96 % leurs clients

L’UNEC DEMANDE DES MESURES RAPIDES POUR LE SECTEUR

A la lumière de la situation très préoccupante dans laquelle se trouve actuellement le secteur de la coiffure, l’UNEC défend depuis plusieurs semaines la mise en place d’un certain nombre de mesures visant à soulager la profession :

La baisse, même temporaire, de la TVA de 20 à 10%

Les résultats de l’étude de conjoncture de l’UNEC montrent bien la fragilité du secteur et l’impact de la crise du coronavirus sur les entreprises de coiffure. « Nous pensons en effet, avec l‘annonce de plans sociaux à grande échelle et des faillites et dépôts de bilan à venir sur le dernier quadrimestre de l’année, que le pouvoir d’achat de nos clients sera affecté de manière durable et que des mesures de soutien de la consommation doivent être prises. Dans ce cadre et pour maintenir l’activité, la pérennité des entreprises, des emplois et soutenir l’effort de formation des jeunes par nos entreprises, l’UNEC demande que le taux de TVA des services de coiffure soit abaissé à 10%, ne serait-ce que temporairement » souligne Christophe Doré.

La réactivation du Fonds de solidarité et prise en charge à 100% du chômage partiel pour la coiffure

Actuellement absente de la liste des métiers pour lesquels l’accès au Fonds de solidarité a été réactivé, les entreprises de coiffure sont pour autant en grand danger et à l’aulne de la mise en place d’un durcissement des périodes de couvre-feux qui pourrait inclure le samedi, jour de forte fréquentation dans les salons de coiffure, la coiffure demande à être réintégrée dans la liste des secteurs ciblés par ces dispositifs.

Le différé de remboursement d’un an des PGE massivement souscrit par les entreprises du secteur

De même, avec la baisse d’activité et sa probable amplification dans les prochaines semaines, les entreprises vont être dans l’incapacité d’absorber les reports de charges à venir, c’est donc bien de nouvelles mesures d’exonérations de charge qui doivent être envisagées ainsi que le report d’un an du remboursement des PGE certes souscrits par les entreprises avec la possibilité pour ceux qui ne l’on pas encore fait d’actionner ce dispositif jusqu’au 30 juin comme cela a été annoncé et cela pour l’ensemble des secteurs économiques.

L’UNEC reste dans l’attente des annonces qui seront faites ce soir par le Président de la République et qui pourraient aggraver davantage la situation déjà critique des coiffeurs. A la lumière de ces annonces, l’Union nationale des entreprises de coiffure réajustera ses demandes de mesures de soutien de la profession.

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