Bernard Stalter
Avec comme leitmotiv « Là où il y a une volonté, il y a un chemin », Bernard Stalter, président de l’UNEC, artisan coiffeur et homme de dialogue, est engagé pleinement à tous les échelons de la filière coiffure. Valoriser les métiers et leur place dans l’économie française, fédérer aussi bien les professionnels que les pouvoirs publics autour des enjeux stratégiques, confirmer la force de l’implantation régionale … Bernard Stalter dessine les défis de demain. Entretien.
Entretien
Qu’est ce qui vous anime ?
Avant tout, la passion de notre métier. La coiffure compte. Cela pourrait être notre message principal, presqu’un slogan, un manifeste. Elle compte dans le quotidien des Français, dans la vie des villes et des communes, elle compte aussi économiquement, avec 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Ces dernières années, l’UNEC a donc voulu repositionner notre secteur d’activité à sa juste place dans le paysage entrepreneurial français et européen. De nombreuses personnalités
politiques de premier rang se sont rendues au salon Mondial Coiffure et Beauté by Beauté Sélection. Sur plusieurs dossiers déterminants, elles ont voulu entendre nos points de vue, nos recommandations. Prenez l’exemple du compte de prévention de la pénibilité : la coiffure a été l’une des rares branches à être auditionnée sur ce sujet essentiel. Sur la formation aussi, nous avons joué un rôle déterminant, nous y reviendrons.
Cette passion, chaque profession la vit tous les jours à sa façon, en exerçant son activité. Mais s’agit-il pour autant d’un facteur de cohésion ? Les réalités du métier ne sont-elles pas aujourd’hui trop variées pour se retrouver sous une seule bannière ?
Non, je ne le crois pas. Bien sûr, il existe une grande diversité de profils et de statuts, du coiffeur à domicile au salon, franchisé ou non, en passant par les autoentrepreneurs sans oublier les salariés… Mais elle constitue, au contraire, un argument supplémentaire pour se rassembler, pour éviter le piège de la dispersion qui ne rendrait service à personne. L’UNEC fédère aujourd’hui toutes les facettes du métier, sans distinction. Nous représentons 90 % des coiffeurs adhérents à une organisation patronale. Une légitimité qui nous permet de rassembler tous les acteurs autour d’enjeux décisifs comme la formation
par exemple, que ce soit par des prises de paroles fortes (notre Livre Blanc, nos Ambassadeurs…), mais aussi avec des résultats importants comme le remplacement de l’indemnité compensatrice à la formation (que le gouvernement voulait supprimer) par une aide d’un montant équivalent pour les chefs d’entreprise. L’encadrement du statut de l’autoentrepreneur, le maintien de l’exigence de qualification professionnelle comptent aussi parmi les décisions qui prouvent notre unité et la force qui en découle.
La coiffure est un secteur d’activité moteur et innovant qui joue pleinement son rôle dans le dynamisme économique »
Bernard Stalter, président de l’UNEC
Mais l’unité ne se décrète pas, il faut la créer, la susciter …
Tout à fait. Et c’est l’objet de la méthode de travail que nous avons mis en oeuvre ces quatre dernières années. Elle se fonde d’abord sur l’esprit de co-construction. Nous discutons, débattons, partageons avec les membres du réseau pour aboutir à la meilleure réponse possible, celle qui représente le mieux notre position. Je tiens d’ailleurs à remercier tous les adhérents de l’UNEC pour leur engagement et leur implication sans faille dans chaque dossier. Le développement d’une profession n’est jamais le fruit d’une seule personne ou d’une petite équipe. Il ne peut, au contraire, trouver sa source que dans un réel élan collectif. La proximité constitue une autre valeur essentielle. L’UNEC s’appuie sur un réseau territorial dense, bien implanté. Pendant ma mandature, j’ai tenu à me rendre dans toutes les régions, en métropole et dans les départements et territoires d’outre-mer, pour discuter avec chacun,
pour comprendre et faire comprendre. Mais aussi pour manifester tout simplement notre solidarité dans certaines situations difficiles, notamment lors de catastrophes naturelles. Enfin, le dialogue et la proximité n’excluent pas l’efficacité. Depuis 2014, nous avons travaillé sur le fonctionnement de l’UNEC , avec les mêmes exigences opérationnelles, le même souci de transparence financière qu’une grande entreprise.
Autant de chantiers qui, je le crois, ont contribué à donner un nouveau visage à notre action syndicale : celui d’un acteur qui sait prendre fermement position comme nous l’avons montré avec les opérations « Laissez-nous travailler » ou «Défendons les coiffeurs », mais qui a aussi une réelle capacité d’ouverture, de discussion, de construction.
Les défis d’une profession se renouvellent en permanence, quel regard portez-vous sur l’avenir ?
Les professionnels de la coiffure ont toujours su s’adapter, suivre l’évolution de la société, des tendances et des clients. C’est un atout considérable, qu’il faut sans cesse développer. L’UNEC doit donc leur permettre de relever de nouveaux défis, comme les enjeux du numérique dans la relation avec la clientèle ou la gestion
des salons, les problématiques de développement durable et de responsabilité sociale. Il nous faut avancer en conjuguant innovation et valorisation de nos expertises. Mobilisons-nous comme nous avons su le faire ces dernières années afin de prendre en main notre avenir et celui de notre métier.