Expertise : coiffer les cheveux texturés


Publié le 5 mai 2025

AVEC UN MÉTISSAGE DE PLUS EN PLUS PRÉSENT EN FRANCE, LES SALONS DE COIFFURE ONT INTÉRÊT À SE FORMER AUX TECHNIQUES DE COIFFURES SUR LES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS. CETTE CLIENTÈLE EST LARGEMENT EN DEMANDE ET ATTEND DES PROFESSIONNELS UNE EXPERTISE. EXPLICATIONS AVEC ALINE TACITE ET ALEXIS ROSSO.

Aline Tacite, gérante de Boucles d’Ebène

Grâce à la certification sur les cheveux bouclés à crépus, les formations créées et dispensées par des experts dont Aline Tacite, gérante de Boucles d’Ebène et

Alexis Rosso, coiffeur studio et formateur certifié CNEFOP ICPF, les coiffeurs peuvent acquérir de nouvelles compétences pour répondre à ce marché porteur.

Sous l’impulsion d’une nouvelle génération qui prône la diversité, de certains influenceurs et d’un renouvellement de positionnement des acteurs du marché, les codes de la beauté évoluent. « Ma clientèle aux cheveux texturés souhaite un retour au naturel. Elle assume pleinement sa spécificité et attend de son coiffeur la sublimation de ses cheveux. Il n’est plus question d’un lissage ou d’un défrisage systématique comme auparavant. Elle est en quête d’une reconnaissance identitaire, le cheveu a quelque chose d’éminemment politique et social. Cette affirmation fait évoluer les mentalités et il faut s’adapter. De plus, cette clientèle souhaite se faire coiffer dans le salon de coiffure de son secteur et lui être fidèle. Or il est fréquent que ces salons de coiffure la refusent car ils ne sont pas formés à coiffer ce type de cheveux », explique Aline Tacite.

Le choix du salon de coiffure s’avère ainsi compliqué, les clients sont perdus. « La clientèle aux cheveux texturés peine à trouver un salon de coiffure capable de maîtriser toutes les techniques. Certains se retrouvent à devoir se rendre dans trois salons de coiffure différents pour obtenir leur coiffure. Et que dire des familles qui ne peuvent pas être coiffées dans le même salon car les professionnels ne possèdent pas toutes les techniques », renchérit Alexis Rosso. Les deux experts portent la même voix : cette clientèle attend une réelle expertise lors des échanges avec le professionnel, elle souhaite être conseillée, orientée et accompagnée. Outre une coiffure esthétique qui correspond à son désir, elle doit être pratique au quotidien et plus facile à entretenir. La clientèle a également besoin d’être rassurée dans l’utilisation de produits de soin, elle fait confiance à son coiffeur pour évaluer la qualité. L’éviction des cheveux texturés dans les programmes scolaires a ainsi accentué le fossé entre les attentes des consommatrices et l’offre proposée dans les salons de coiffure.

LA FORMATION EST LA CLÉ

Fer de lance, l’UNEC s’est engagée pour proposer une certification sur les cheveux dits spécifiques. Cette formation permet aux coiffeurs d’appréhender ces cheveux et d’en apprendre les techniques. « Cette certification est un premier pas dans la reconnaissance des cheveux texturés dans le secteur. Lors d’une réunion le 13 mai dernier avec le président Christophe Doré, nous avons pu partager nos expériences pour faire évoluer le secteur. En tant qu’expert dans ce type de cheveux et avec 33 ans de métier, je suis heureux qu’il m’associe au perfectionnement des programmes. À l’époque, j’ai dû me former aux États-Unis pour apprendre à coiffer les cheveux texturés. La France a énormément de retard. Les besoins sont tels que j’ai créé mon organisme de formation certifié Qualiopi pour accompagner les coiffeurs. Ils arrivent avec de l’appréhension et repartent avec des convictions et une volonté de pratiquer. Il est temps que le secteur évolue, la demande est là, la formation est primordiale », insiste Alexis Rosso.

UN SECTEUR EN MUTATION

Cette clientèle est largement en demande et attend des professionnels une expertise. En pleine mutation pour inclure cette clientèle aux cheveux texturés, les acteurs de la coiffure se doivent de valoriser les techniques spécifiques pour répondre aux attentes. « Les esprits s’ouvrent et le change- ment s’opère. Nous participons à démystifier les cheveux texturés. Les marques s’emploient à proposer des produits de plus en plus naturels pour respecter ces types de cheveux. On avance tous ensemble », conclut Alexis Rosso. Les deux experts sont unanimes sur la passion qu’ils portent à leur noble métier et sont fiers de la joie qu’ils procurent à leur clientèle lorsque celle-ci est ébahie par le résultat. C’est cela l’essentiel…

Alexis Rosso, coiffeur studio, formateur CNEFOP ICF

Loi antidiscrimination capillaire

Le 28 mars 2024, l’Assemblée nationale a adopté, en première lecture, une proposition de loi visant à intégrer la discrimination capillaire dans la liste des motifs discriminatoires au travail. Le Sénat doit examiner la loi avant sa promulgation. Les acteurs de la coiffure, dont l’UNEC, se sont engagés en faveur de cette loi.